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Photo du rédacteurMarie-Josée Riendeau

Marie V

Dernière mise à jour : 24 mars

La cour d'école


Samedi matin, 11:00, Marie était fidèle au poste. Il était hors de question de compliquer les choses davantage en contrariant Patrick et, de plus, il fallait faire vite. Elle avait dit à sa mère qu’elle allait porter des livres à une copine de classe et qu’elle serait de retour pour le dîner. Elle espérait donc que ce qu'il avait à lui demander ne soit pas trop long. Il faisait plutôt froid ce jour-là, le ciel était gris et morne et bien que le thermomètre n'ait pas été si bas, l’humidité ambiante semblait transpercer Marie jusqu’aux os. Elle n’aimait pas attendre, surtout maintenant, surtout pour lui. Elle grelottait sous son manteau de printemps un peu trop mince et elle s’inquiétait de la tâche qui allait lui être demandée.


Elle regarda sa montre, 11:13. J’attends encore 5 minutes, s’il n’est toujours pas là, je m’en vais. Se dit-elle.


Les minutes ont passé et toujours aucune trace de lui. Elle s’apprêtait à partir, inquiète du rendez-vous manqué, mais soulagée, lorsque qu’un grand gaillard l’interpella:

  • Hey toi! C’est Patrick qui t’envoie?

Marie ne savait pas trop quoi répondre.

  • Heu… Oui, dit-elle d’une voix à peine audible tellement elle ne savait pas si c’était la bonne réponse.

  • Il t’a donné quelque chose pour moi?

  • Non, il m’a juste dit d’attendre ici.

  • Le salop! Tu lui diras que je ne frappe pas les filles. C’est lui que je veux.

Il eût une hésitation puis il dit.

  • À moins que tu puisses faire quelque chose pour moi?

  • Comme quoi? Demanda-t-elle, la gorge serrée.

L’adolescent s’approcha d’elle. Elle recula pour ne pas qu’il la touche mais, si elle continuait ainsi, elle se retrouverait bientôt acculée au mur et là, elle ne pourrait plus rien contre lui. Il s’avançait toujours mais elle ne reculait plus, elle se tenait face à lui, prête à s’enfuir le moment venu. Il était tout près d’elle maintenant, il la dépassait de deux têtes mais elle pouvait sentir son haleine fétide au-dessus d’elle. Il commença à défaire sa ceinture tout en la forçant à reculer vers le coin de la bâtisse, là où les passants ne pourraient pas les voir.


Marie paniquait, elle essayait de réfléchir. Les choses ne se déroulaient pas du tout comme elle l'avait prévu. Il mit la main dans son pantalon et ferma les yeux.

Marie profita de ce court moment où son attention était ailleurs pour se faufiler par sa droite et se mit à courir de toutes ses forces.


Le temps qu’il replace son pantalon, Marie était déjà sur le trottoir, marchant juste derrière un couple poussant un landau.

Frustré et déconfit, il se mit à crier.

  • Tu lui diras que je n’en ai pas fini avec lui! Et, pour ta gueule, je suis mieux de ne jamais te revoir sinon faudra finir ce qu’on a commencé.

Marie sentait que son cœur voulait sortir de sa poitrine et elle avait du mal à respirer. Au coin de la rue, elle tourna à gauche vers sa maison et tomba face à face avec Patrick.

  • Alors, t’as rencontré Joseph ? Ça ne s’est pas trop mal passé j’espère?

  • Tu t’attendais à quoi? Hein? Lui demanda t’elle en tentant de contrôler les tremblements de son corps.

  • Je veux juste qu’il me fiche la paix. Il s’est mis dans la tête que je lui dois quelque chose alors que c’est complètement faux. Je me suis dit que, si c’était toi qui allais au rendez-vous, il comprendrait qu’il n’obtiendra jamais rien de moi. Et comme tu es vraiment laide je savais qu’il n’oserait pas te toucher. Même si c’était juste pour te frapper, il n’allait sûrement pas se salir les mains sur toi. J’étais certain que tu ne risquais rien.

  • Tasse-toi, ma mère m’attend.

Elle marcha rapidement jusque chez elle. Sur la galerie, elle s’arrêta, tentant de retrouver son calme. Elle ouvrit doucement la porte pour ne pas faire de bruit et elle entra dans le portique. Elle s’assit sur le tapis d’entrée, comme ça coincée entre les deux portes et, à l’abri des regards et des questions, elle se mit à pleurer silencieusement. Elle espérait que les larmes apaiseraient les contrecoups de sa frayeur et de sa fureur.


Par le dessous de la porte, elle commençait à sentir les effluves du dîner que sa mère avait préparé, une soupe aux légumes dont les arômes réussissaient immanquablement à consoler Marie. Les tomates cuites, les oignons qui avaient fondu avec le céleri et l’ail. Ajouté à cela, il y avait le thym, l’origan, le laurier et le basilic qui transformait cette soupe en potion magique contre le cafard.

Marie qui se sentait maintenant prête, entra enfin dans la maison. Quand Diane la vit avec les yeux rougis par les larmes et le visage bouffi, elle lui demanda d'un ton sec.

  • Qu’est-ce que t’a, encore?

  • Rien, j’me suis chicanée avec Sophie c’est tout.

  • Et là là, tu devrais faire attention à tes amies. C’est précieux l’amitié.

  • Oui, je sais maman.







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